les mots de ma plume

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Le fauteuil


Le fauteuil

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Je suis allé cacher ton talent dans la terre. Matthieu 25/25

Cette phrase, prononcée par l'un des personnages de cette parabole, donne à réfléchir. La sentence pour cette personne qui a négligé son talent, m'a inspiré pour écrire ce texte. J'ai rédigé cette poésie sous la forme d'une autre parabole où le personnage central est un fauteuil. Vous savez!... ce mobilier qui invite à la nonchalance, à l'inaction, à la paresse...

Sous la sous pente d'un toit, parmi ses vassaux pantois, trônait comme une reine,

une vieille armoire de chêne. Le temps avait coloré son vernis d'une perruque faite de gris, et les araignées, ces drôles d'habilleuses, l'avaient vêtu de dentelles soyeuses. De chaque côté d'elle, siégeaient ses sujets fidèles. Elle les avait réuni pour qu'ils donnent leurs avis. Il y avait monsieur guéridon, qui, malgré son nom, ne riait pas souvent, et monsieur vieux divan. Puis, de l'autre côté, madame chaise percée, ainsi que monsieur tabouret boitant depuis des années. Et, dans un coin de la pièce, avec son étrange faciès, moi, le fauteuil abimé, j'attendais mon procès. Il m'était reproché, de laisser les gens se vautrer, de les laisser s'endormir, avachis sur mon cuir.

     - Accusé, levez-vous!... Tonna la reine tout à coup.

Me déplaçant sur mes roulettes, je n'étais pas à la fête. Un vieux lampadaire projeta sa lumière sur mon visage fatigué, sur ma peau craquelée. Une blanche cuvette chaussa sa lunette et fit l'énoncé des faits reprochés.

     - Pour avoir encouragé la paresse et fait de nombreuses largesses au marchand de sable, vous êtes déclaré: coupable!...

La reine dit:

     - Qu'as-tu fais de ton talent?... Ce talent qui te convenais si bien?...

Je maudissais le délire qui m'avait fait enfouir ce que sa Majesté m'avait donné avec tant de générosité. Je n'osais pas lever les yeux, devinant leurs regards furieux. Je regardais le lino espérant y trouver des mots... La mémoire revint brusquement. Elle était parti depuis si longtemps, mais elle revint brutalement, me rappeler mes engagements. Je maudissais la folie et la paresse mon amie. A cause de moi, quel bilan, j'avais perdu mon talent.

Boum!... un coup me sursauter et m'arrache à mes pensées... Un marteau de menuisier frappait sa tête sur le plancher.

     - Et bien, nous attendons!... Avez-vous des explications? dit la blanche cuvette en remontant sa lunette.

J'étais devenu muet. Ma voix m'avait laissé tomber. D'ailleurs, je n'avais rien à dire pour cacher mon délire.

Alors la reine se leva, droite sur ses cales de bois et prononça publiquement la peine, le châtiment:

     - Pour avoir dormi toute la vie, et le talent avoir fait fi, pour le méchant et paresseux, l'enfer ranime son feu...

Alors de la malle à jouets sortirent des soldats mutilés et avec une chaine vieillotte, me passèrent les menottes.Ils m'emmenèrent devant un mur, il y avait une porte sur ce mur, derrière cette porte il y avaient des bagnards et au dessus de la porte était écrit: TROP TARD.

Brutalement, la porte s'ouvrit et de la fumée en sorti ainsi que l'odeur pestilentielle des condamnés éternels.

Je criais, je sanglotais, mais les soldats me poussaient. Je criais à n'en plus finir:

Non!... je ne veux pas mourir!...

Tout à coup, je fus secoué par ma femme réveillée qui me disais gentiment:

     - Arrêtes de crier maintenant!...

Ouf!... j'avais rêvé... Je vais pouvoir recommencer. Mais c'est promis maintenant, je vais faire fructifier mon talent.

Henri Briffaut.

Mon histoire fini bien. Mais dans la réalité il n'en sera peut-être pas ainsi...

Chers amis, je vous en prie, faites fructifier votre talent pendant que vous le pouvez encore.

 

 


18/11/2015
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