les mots de ma plume

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Goutte à goutte.

 Cher ami,

Peut-être vous interrogez-vous sur l'utilité de votre service au sein de l'église.

Cela vaut-il la peine que je continue? Ce que je fais, n'est-il pas dérisoire? Ce service a-t-il encore un sens, un intérêt?...

Texte inspiré de ce passage biblique du livre des Actes, chapitre 1 et verset 6:

Ce que j'ai, je te le donne.

 

 

 

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Dans les profondeurs d'une grotte, à l'abri des regards, une goutte d'eau se cramponne au plafond. Elle prend son temps. Elle prend le temps. Avant sa chute fatale, elle prend le temps de déposer ses minéraux. Comme un cadeau. Comme une trace de son passage. Elle fait comme tant d'autres  de ses sœurs  ont fait avant elle...

Avec le temps, avec leurs petits moyens, les gouttes ont façonné une proéminence brillante et nacrée...

- Ah!... Voilà la goutte suivante...

L'on dirait une perle suspendue à son cordon irisé. Elle aussi ajoute sa touche à la composition commune.

Ploc!

Dans son bruit caractéristique, la goutte vient de s'écraser sur le sol. Je n'ai pas le  temps de m'apitoyer sur son sort, que déjà, la goutte suivante perle au plafond. On dirait que la grotte pleure d'un chagrin inconsolable...

Ploc!

La chanson des gouttes est une rengaine infinie qui se perd en écho dans les entrailles de la terre.

Inlassablement, les gouttes se succèdent.

Ploc!

Savent-elles au moins, qu'un jour, leur labeur de fourmis deviendra une œuvre d'art digne de Rodin?... Une somptueuse stalactite, tout en beauté, ou bien une stalagmite, sa sœur jumelle qui s'élance vers le haut, telle la colonne d'un temple aux éclats de diamant!...

Ploc!

Et dans un futur plus ou moins proche, goutte après goutte, dans un travail de longue haleine, le vide béant de cette grotte se remplira de merveilles, de beautés, de splendeurs cristallines.

 

Je reste bouche bée, interdit, émerveillé!

 

     - Mais comment font-elles?... Elles sont si petites, si inoffensives...

 

Voulant percer leur mystère, je me hasarde dans ce dédale froid et silencieux, et je demande à la première goutte venue, quel est donc son secret.

Elle ne me répond pas. J'insiste... Peine perdue!. Je rebrousse chemin, déçu et pensif.

 

     - Leurs vies sont bien brèves et leurs fins, bien brutales!...

 

Ma lampe éclaire mes pas et les dirige vers la sortie. Sous mes pieds, l'eau ruisselle et s'écoule en multiples fils d'argent. C'est là que je comprends tout. L'évidence apparaît et tout devient clair.

 

La force des gouttes vient de cet art d'abandonner une partie de soi-même pour le simple bonheur de celui ou de celle qui contemplera leur labeur. Abandonner un peu de soi-même pour réjouir les yeux et le cœur d'autrui. La goutte donne. Elle donne se qu'elle a. Avec simplicité. Sans regrets, sans penser à demain, sans rien demander en retour.

 

Elle ne meure pas. Elle rejoint ses sœurs dans un petit ruisseau, elle se charge de nouveaux minéraux, se glisse dans la fente d'un rocher, et le cycle recommence...

 

Dans les profondeurs d'une grotte, à l'abri des regards, la goutte d'eau se cramponne au plafond. Elle prend son temps. Elle prend le temps. Avant sa chute fatale, elle prend le temps de déposer ses minéraux. Comme un cadeau. Comme une trace de son passage.

Ploc!

Elle poursuit son œuvre, ailleurs. Goutte à goutte.

 

 

Henri Briffaut.

 

 

 

 

 

 

 

 



29/10/2015
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